Nom de code : « Hercule », objectif : scinder EDF, le service public français de l’électricité, afin de respecter la sacro-sainte concurrence libre et non-faussée imposée par la Commission Européenne. Par ce projet, le Gouvernement d’Edouard Philippe s’apprête à opérer un démantèlement en bonne et due forme de l’entreprise publique.
En quoi consiste-t-il exactement ? Il vise à isoler les activités nucléaires du reste en créant une structure – EDF Bleu – dont l’Etat serait actionnaire à 100% et qui regrouperait en son sein la production d’électricité d’origine nucléaire, les EPR en cours de construction, l’hydraulique et le transport haute tension (RTE).
De l’autre côté, EDF Vert rassemblerait la production d’énergies renouvelables mais surtout la très rentable distribution et commercialisation de l’électricité assurée par Enedis qui fournit aussi bien les particuliers que les entreprises. Alors que l’entité verte verra son capital ouvert aux investissements privés, l’Etat devra assumer seul les coûts importants liés à l’entretien du parc nucléaire ou au développement de l’EPR.
Déjà lourdement endetté, EDF pourrait ainsi faire l’objet, à terme, de privatisations et notamment ce qui concerne EDF Bleu. En effet, la doxa libérale exigerait de l’entreprise davantage de rentabilité afin d’alléger sa dette. Puis, certains responsables politiques envisageraient l’ouverture à la concurrence voire la privatisation de certaines de ses activités.
Cette hypothèse est à prendre très au sérieux depuis que la Commission Européenne a demandé à la France d’ouvrir à la concurrence 150 barrages hydroélectriques dont la concession arrive à échéance dans quatre ans. Pour les salariés, c’est une dégradation des conditions de travail qui guette tandis que pour les usagers, c’est bien une hausse des tarifs de l’électricité qui risque de survenir si la production d’énergie venait à être prise en charge par des entreprises privées. Le souvenir amer des autoroutes nous rappelle que ce scénario n’a rien d’un fantasme.